Entre Shanghai et Pékin c’est la guerre. Ceux qui habitent Shanghai préfèrent Shanghai et ceux qui vivent à Pékin ne jurent que par Pékin. C’est un peu comme Paris et Marseille (même si à mon avis Paris n’a absolument rien à envier à Marseille, huhu !)… Mais laissons là ces querelles d’expatriés et étudiants pour revenir à l’essentiel. A cause ou grâce à la lenteur des démarches administratives d’obtention du visa russe, nous avons passé une bonne dizaine de jours dans la ville de Shanghai.
Il vous vient alors certainement à l’idée que nous avons tout visité en long, en large et en travers dans cette immense cité. Eh bien non ! Quand on voyage au long cours on ne peut pas être tous les jours à 100% et enchaîner les visites au pas de course. Tout d’abord parce que les attractions touristiques coûtent cher (surtout en Chine !) mais surtout parce que c’est fatigant. Se lever tôt tous les jours, marcher toute la journée, visiter, ingurgiter des tas de nouvelles choses, demander son chemin (dans certains pays c’est plus dur que d’autres !), visiter à nouveau, encore marcher, faire encore un peu de place dans son petit cerveau pour d’autres connaissances, se coucher tôt pour repartir de plus belle le lendemain… ça finit par épuiser physiquement et intellectuellement quand ça dure des semaines. Et puis quand on a le temps de voyager on peut en profiter pour s’imprégner de cultures qui nous sont quasi inconnues, goûter des spécialités culinaires et prendre le temps de s’en remettre quand on a mal choisi, s’asseoir dans un parc, observer les gens, se balader dans des quartiers non touristiques etc. Il y a aussi des journées que l’on passe dans une ambassade pour faire un visa, dans un cyber à écrire et traduire des articles (c’est que ca prend du temps !), dans un hôpital pour se faire soigner des petits bobos ou encore des journées où on n’a absolument envie de rien faire d’autre que de se poser et bouquiner tranquillement.
Tout cela pour dire qu’en 10 jours nous n’avons pas fait tous les musées de Shanghai mais nous avons vécu un peu au rythme de ses habitants, profité de la modernité de la ville (venant d’Inde on s’étonne de retrouver des poubelles et des trottoirs !) mais aussi réglé certains problèmes administratifs et de santé.
Nous avons eu la chance d’être hébergés par Diana et Olga, respectivement Chinoise et Russe, deux filles sympathiques et dynamiques. La maman de Diana qui était aussi présente nous a fait découvrir de délicieux mets Chinois et nous avons aussi tenté de faire des crêpes au wok, une expérience assez unique !
Grâce a nos charmantes hôtes nous nous sommes un peu essayé au monde de la nuit Shanghaien ! Nous y avons notamment rencontré pas mal d’expatriés (principalement des hommes occidentaux à la recherche de “l’âme soeur” Chinoise). Nous avons pu constater que les soirées “open bar” (boissons illimitées) sont tout aussi dévastatrices qu’en France (ceci étant peut-être aussi dû à la concentration d’expats), c’est-à-dire que la majorité des personnes chancelait déjà vers 23h, que des gens vomissaient dans les toilettes et qu’il y avait des tensions. Ambiance un peu glauque donc…
D’après Olga, quand les Chinoises arrivent à l’université de Shanghai, elles se retrouvent complètement libérées de la pression familiale. Ceci donnant souvent les conséquences suivantes : mini-jupes vraiment très minis, comportement provoquant et dragueur.
Quant aux expats j’en ai rencontré un specimen assez typique. 28 ans, à Shanghai depuis 4 ans, il vit seul avec son chat et pour lui le problème de la France c’est les Français. Il ne parle pas chinois et sort tous les week-ends en boite avec ses potes qui sont aussi des expats et qui draguent de jolies Chinoises. La question que je me pose est donc : peut-on vivre des années dans une bulle, ignorant le pays dans lequel on vit ?
La minute ethno-sociologique étant maintenant terminée, parlons un peu de la ville elle-même. Shanghai est une ville extrêmement neuve avec des artères si larges qu’il faut souvent prendre des souterrains ou des ponts pour changer de trottoirs, des buildings immenses de tous les côtés, un métro super efficace et agréable, des tas de boulangeries-pâtisseries aux noms français et de gros centres commerciaux avec toutes les boutiques de luxe occidentales.
Mais Shanghai n’en est pas étouffante pour autant puisqu’elle compte beaucoup d’espaces verts, parcs, jardins, promenades. Elle est traversée par le fleuve Yangtze au bord duquel se trouvent d’anciens bâtiments de style européen des années 30, vestiges des concessions étrangères. Le quai du Bund a été aménagé en une belle promenade qui offre à voir à la fois les édifices du Bund mais aussi les buildings flambant neufs du quartier des affaires sur l’autre rive. C’est d’ailleurs au nord du Bund que l’on trouve l’ambassade de Russie que nous connaissons assez bien maintenant…
Pour comprendre Shanghai il faut savoir qu’elle a longtemps abrité de nombreuses concessions étrangères (jusqu’à l’arrivée au pouvoir des communistes). Ceci explique non seulement la présence de bâtiments de style occidental en centre ville mais aussi l’atmosphère générale un peu européenne de la ville . Du coup la ville manque un peu d’exotisme et ne donne finalement pas trop l’impression d’être en Chine.
Dans le centre-centre nous avons trouvé le calme de nombreuses fois dans le “Square du peuple”. Des petits bancs à l’ombre, un petit lac avec des lotus et nénuphars, c’est un endroit idéal pour siroter une boisson glacée dans un climat aussi chaud et lourd. Mais ne vous avisez pas de venir le samedi pour y trouver la tranquillité. Une foule de gens s’y regroupe et affiche des petites annonces avec des photos. Il s’agit en fait de parents inquiets pour leurs enfants encore célibataires et qui arrangent donc des rendez-vous pour leur trouver une moitié. Il faut dire qu’avec la politique de l’enfant unique, tout le poids de la perpétuation familiale repose sur l’enfant chéri !
Côté culture nous conseillons l’excellent musée de Shanghai. Ce n’est pas parce que nous sommes radins que nous l’avons apprécié (il est gratuit) mais nous avons pu y découvrir de magnifiques bronzes et porcelaines, le tout accompagné d’explications bien faites (démonstration de la méthode de moulage par cire perdue par exemple).
Plus original, situé au sous-sol d’un immeuble résidentiel : le musée des affiches de propagande, oeuvre d’un collectionneur passionné. Il est bien sûr question de mettre en avant la nation Chinoise et de prôner ses bienfaits. Mais la démarche est menée intelligemment car le fanatique de posters a organisé son exposition de façon à expliquer l’histoire de la Chine communiste à travers les affiches de propagande. Jusqu’à pas si longtemps c’était le seul moyen de communication efficace puisqu’accessible à toute la population. Parfois imprimés sur de vieux journaux à la va-vite par des étudiants ou plus travaillés telles de vraies oeuvres d’art, différents courants et styles se sont succédés suivant les générations : inspiration soviétique, type bicolore rouge et noir ou encore style plutôt réaliste. Il faut bien sûr suivre les panneaux explicatifs d’un oeil avisé puisque l’auteur a tendance à réécrire un peu l’histoire !
Assez papoté ! Les questions cruciales d’ordre culinaire seront abordées dans un article spécial, de nombreuses photos alléchantes à l’appui !
Quoi qu’en disent les Pékinois, Shanghai tu nous plais !
Shangai ou Pékin, faut-il choisir ? Finalement c’est un peu comme Metz et Nancy ou… Arcueil et Gentilly 😉
Extraordinaire cette affiche de propagande le l’Armée Populaire de Libération ! Le putti-aviateur pointant sa sarbacane-mitrailleuse sur le vilain yankee (et ses lunettes de soleil), c’est sans doute pour lui décocher quelques traits d’Amour !…
Il y avait vraiment de très belles affiches. Peut être auras tu bientôt la chance d’en voir une de plus prés!