Autour des Annapurnas 3ème partie : de Manang à Pokhara

Sous la pluie vers Thorung Phedi, autour des Annapurnas, Népal

Le village de Thorung Phedi est notre dernière halte avant d’essayer de passer le terrible col de Thorung La, le col le plus haut du monde (+5415m). C’est un point de passage obligé et le soir l’auberge s’anime des quelques voyageurs noués par l’anticipation : 5 Francais, 2 Espagnols, un couple Espagno-Australien, 2 Malaisiens, des médecins Népalais… Ce sont tous des gens intéressants, des baroudeurs qui aiment sortir des sentiers battus, et il faut vu que la saison de la mousson est la pire pour faire ce trek. La pluie incessante des deux derniers jours n’a pas entamé le moral des troupes, les 2 heures de chute de gros flocons de neige un peu.

Départ pour le col de Thorung La, autour des Annapurnas, Népal

Glacier, autour des Annapurnas, Népal

Départ à 5h30 le lendemain matin avec nos deux amis Espagnols Isa et Mano. Il s’agit de monter 1000 mètres, puis d’en redescendre 1600, en une journée ! Nous redoutons tous les effets du mal de l’altitude qui peuvent forcer une redescente.

Chemin rocailleux, vers Thorung La, autour des Annapurnas, Népal

Plante/Fleur, vers Thorung La, autour des Annapurnas, Népal

Il y a environ 2 fois moins d’oxygène à 5400m. Une marche relax sur les Quais de Seine de Paris (cardiaquement, env 100 bpm) se transforme donc en pire effort de votre vie (cardiaquement, env 200 bpm). Heureusement le corps s’adapte, à l’encontre des préjugés : un quadra aura plus de facilités qu’un jeune de 18 ans, hommes et femmes sont pareillement traités, les fumeurs ne semblent pas être pénalisés et curieusement un marathonien pourrait avoir plus de mal au début qu’un sédentaire classique.
Comme le manque d’oxygene affecte toutes les cellules du corps, les conséquences du mal d’altitude sont très variées (en gras, celles que nous avons testées) : vertiges, fatigue, nausée, maux de tête, perte de coordination, toux, … mort. Magie de la plasticité du corps humain : un groupe de jeunes habitants des environs nous dépasse en riant, certains courant parfois (en tongs !) pour rejoindre les autres !

Drapeaux de prière, Thorung La, Népal

Arrivée au col de Thorung La, autour des Annapurnas, Népal

Après 4 heures d’efforts et 2 grammes d’aspirine, nous atteignons la passe de Thorung La. Les vues sur les glaciers bleue et les pics acérés sont magnifiques. Elle est décorée de milliers de drapeaux de prière, quelques traces de neige parsèment l’impressionnante désolation rocailleuse.

Remi et Manu, descente de Thorung La, Népal

Descente de Thorung La, autour des Annapurnas, Népal

Devant la vallée de Muktinath, autour des Annapurnas, Népal

La longue redescente commence alors dans une nouvelle vallée, plus découverte et beaucoup plus grande, jusqu’à Muktinath, une ville sainte pour les Hindous et Boudhistes. On y croise donc des pèlerins indiens venus de bien loin pour prier devant la flamme éternelle du temple principal : une flamme qui est naturellement alimentée par une source de gaz, entourée d’une 100aine de petites fontaines d’eau sacrée.

Fontaines, Muktinath, autour des Annapurnas, Népal

A côté, une grande roue à prières est mise en mouvement perpétuel par la force d’un petit ruisseau. Ici vous pouvez faire dire des prières pendant plusieurs mois, voire années pour améliorer votre karma.

Vallée de Muktinath, Népal

Mais surtout Muktinath est reliée par une route tout terrain avec le reste du pays, c’est donc un peu la fin de l’aventure quand nous croisons la première moto. Enfin en saison des pluies un trajet Muktinath-Katmandu nécessiterait au moins 6 véhicules différents puisqu’à chaque endroit où la route est eboulee il faut marcher puis changer de monture…
De toute façon, vu l’état des routes, ce n’est pas significativement plus long de marcher, certainement moins dangereux, et nous découvrons ainsi de bien beaux paysages sculptés par le large fleuve énergique du fond de la vallée. Son lit pierreux est parsemé de fossiles et des grandes cascades l’alimentent.

Fleuve dans la vallée de Muktinath, autour des Annapurnas, Népal

Fleuve et roc, autour des Annapurnas, Népal

Le brouillard découpe les montagnes et donne l’impression qu’elles flottent, comme dans un film de Myasaki. Au détour d’un sentier, la force du vent est telle qu’il nous retient sans peine dans la descente.
Construite en pierre des deux côtés du fleuve, Jomsom est le gros village de ce côté-ci de la passe, avec lui aussi un aéroport (également difficilement utilisable pendant la mousson).
Les habitants ont mis en place un système intelligent pour se faire de l’argent facilement : ils appliquent un “prix touriste” qui est le double du prix normal. Nous continuons donc à pied, toujours le long du fleuve, dans un environnement maintenant très vert.

Vers Ghasa, autour des Annapurnas, Népal

De ponts suspendus en petits villages cachés, nous voila à Ghasa, un nom que les habitants de tous les environs doivent maudir, puisque chaque année, du début à la fin de la saison des pluies, la route est ensevelie sous la roche et la boue sur plusieurs kilomètres. Impossible à franchir en 4×4 ou même à pied ! Tout l’approvisionnement de la vallée doit donc passer à dos d’homme par des petits chemins détournés perdus dans une végétation luxuriante et le long d’à pic impressionnants. Ce sont les deux dernières heures de marche de notre aventure, mais nous ne sommes pas au bout de nos peines !
Car si après Ghasa la route est praticable par le bus, il faut régulièrement descendre pour les passages délicats ou pour pousser le bus embourbé. Et surtout, surtout, ne pas regarder du mauvais côté de la route, où les roues passent à quelques centimètres du bord d’une route qui n’est que le résultat du tassement des derniers éboulements. De plus le bus penche fortement à droite et gauche selon la route, au grand dam des passagers sur le toit.
Heureusement des Népalais prient en continu dans notre bus, ce qui nous évite certainement une fin fâcheuse et nous fait arriver à Beni, avec l’incroyable bric à brac que les gens transportent.
Après c’est beaucoup plus ordinaire : transports bondés, arrivée de nuit à Pokhara, négociation pour une chambre (eau chaude courante, ah les bienfaits de la civilisation !) et lessive phénoménales.

Nous voilà de retour à la civilisation donc. Contents de retrouver un peu de confort mais aussi ravis de cette expérience unique !

4 commentaires pour “Autour des Annapurnas 3ème partie : de Manang à Pokhara”

  1. Coucou tous les 2…..quelle aventure magnifique! Nous avons toujours la chaire de poule en lisant vos reportages !
    Photos sublimes…récits vivants, bravo de nous faire vivre vos émotions.

    Bisous et BRAVO !
    LOLO

  2. Coucou, ce trek etait certainement un grand moment, que nous pourrons bientot vous raconter en personne ! Gros bisous a toute la famille =)

  3. J’aime ces 3 reportages, la veritable aventure humaine qu’ils retracent avec justesse et modestie, et aussi le sentiment que le majestueux et terrible toit du monde a bien voulu – magnanime cette fois – recevoir chez lui la jeunesse / genèse du Monde. Quelle belle et grande rencontre…

  4. Quand je pense que j’ai fait ce trek en 99 (j’avais 52 ans!)avec pour seule aide le parapluie acheté à Kathmandu pour me protéger de la mousson et une équipe formidable de sherpas qui entourait notre groupe de 8 français.
    Il y avait alors, vivant dans la grotte de Milarepa un couple d’ermites ( 83 et 81 ans). Nous avons eu droit à une bénédiction : est-ce pour cette raison que la montée au Thorong pass s’est effectuée sans aucun problème ?
    J’ai bien aimé votre reportage. Je reviens d’un autre trek au Népal pour rendre visite aux villageois du canton de Reegaon, que nous aidons depuis tant d’années et qui ont besoin de nous après le séisme. J’espère que vous pensez à eux.

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