Iquique, debout les damnés de la terre

Coucher de soleil sur Iquique, Chili

Bienvenue à Iquique, ville côtière du Chili, entre un océan très poissonneux et une grande région désertique aux sous-sols débordant de richesse. Et de tout ça on trouve une trace dans la ville, car sa situation de station balnéaire a fait affluer les chiliens en vacances, le long de la grande promenade de bord de mer et de ses maisons en pins d’Oregon. D’Oregon, car les grands navires qui venaient charger les produits de l’exploitation du sol désertique pour l’Amérique rentabilisaient le voyage aller en remplissant les cales de bois au retour.

Vieille maison en pin d'Oregon, Iquique, Chili

Mais qu’y a-t-il dans ce désert, pour attiser toutes les convoitises, pour avoir déclenché la guerre du Pacifique avec le Pérou et la Bolivie?
La réponse dépend de l’époque. Près d’Iquique s’étendait le royaume des exploitations de salpêtres, les “salitreras”.Pour vous donner une idée, on commença a extraire le salpêtre du sol désertique au XIXème siècle et ce jusqu’en 1960. A la belle époque, de nombreuses exploitations parsemaient le désert de Atacama. Ces véritables villes, du fait de leur isolement, sont aujourd’hui les traces fantomatiques d’un passé bien cruel pour leurs employés.

En visitant la ville déserte de Humberstone, on touche du doigt la réalité de la vie de cette époque, en visitant les maisons des ouvriers, leur école, et les gigantesques hangars et machines de production, le tout étonnamment préservés par les vents secs du désert.

Rue déserte de Humberstone, Chili

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L’histoire semblera bien familière pour les lecteurs de Zola : des ouvriers fuyant la misère et cherchant du travail, des conditions de travail terribles (au milieu du désert), une vie presque exclusivement dans l’exploitation, et, cerise sur le gâteau, une paie non pas en argent, mais en bons d’achats valides uniquement dans les magasins de l’employeur, anglais ou américains.

Usine désaffectée de Humberstone

Heureusement, revanche de l’histoire, les ouvriers actuels des mines cuivres, une exportation vitale pour le Chili (et pour le monde), sont particulièrement protégés. Peut-être parce que ces mines appartiennent à l’état depuis toujours.

4 commentaires pour “Iquique, debout les damnés de la terre”

  1. Humberstone, ville vide, salpêtre dans l’air, un portail grince ouvert pour des bêtes?, sans âme la rue vibre encore.

  2. Ils les payaient en bons d’achat pour leurs propres magasins !

    Voilà que me reviennent quelques souvenirs de ma Lorraine du fer et de l’acier : chez nous aussi les maitres de forge – capitaines d’industrie tels les De Wendel – logeaient “leurs” ouvriers, dont les enfants fréquentaient “leurs” écoles ; on se faisait soigner dans “leur” dispensaire ; et on n’oubliait pas le dimanche d’aller à la messe dans “leur” église qui surplombait toute la vallée…
    Aujourd’hui, dans ces vallées autrefois fébriles de toute cette activité humaine, après la désertification industrielle, ceux qui sont restés continuent de lutter pour trouver un nouvel avenir : je les salue, eux, et aussi ces “damnés de la terre” Chiliens du bout du monde…

  3. Le massacre de l’école de Santa Maria fut un terrible bain de sang..tout ça pour un engrais azoté (nitrate de sodium ,salpêtre du Chili)..l’autre peut servir de fumigéne (nitrate de potassium,salpêtre trouvé sur les pierres).Mais la chimie a évolué,dans le bon sens???pas toujours,hélàs…
    Merci pour tous vos propos,ils sont très instructifs.
    Gros bisous de la petite coccinelle qui a survécu aux pesticides!!!

  4. “Le massacre d’Iquique” en décembre 1907 appartient à l’historiographie historique chilienne. Au même moment Clémenceau envoyait l’armée réprimer la révolte des vignerons du sud-est.

    La “Cantata Santa Maria” a été composée en 1969 par Luis Advis pour marquer et retracer le souvenir de ce soulèvement ouvrier d’Iquique; la cantate marque aussi l’arrivée au pouvoir du président Allende.

    Les Quilapayun portent la cantate depuis quarante ans:
    http://www.youtube.com/watch?v=El-PYclXM6w&feature=related

    Le finale -hymne à la fraternité et à la liberté- nous est familier “non basta solo il ricuerdo e el canto non bastara, non basta solo il lamento mi devos la realida…”

    http://www.youtube.com/watch?v=YVRTtamjmUI&feature=related

    Vamos mujer, partiamo alla ciudad…
    http://www.youtube.com/watch?v=a5gGpyjwNr0&feature=related

    Enfin la version Rock, fidèle mais électrifiée:
    http://www.youtube.com/watch?v=4q-z8n83DHY&feature=related

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